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Quel plaisir de présenter régulièrement à Paris, puis Bruxelles, le Sublime Bestiaire de l’artiste Ule Ewelt. Nombre d’entre vous sont déjà attachés à cette expression rugueuse, touchante et précise, abordant l’intemporel avec modernité.
Cette année encore, la Galerie Grès vous invite à suivre l’artiste dans ses recherches et ses voyages, toujours passionnée d’archéologie et de nature.
Cette année en particulier, laissez-moi vous conter la genèse d’un groupe de sculptures, composé de deux grandes Antilopes, à découvrir parmi une faune déjà familière.
Trésors des fouilles minoennes d'Akrotiri, à Santorin, les nombreuses représentations d'animaux ornant objets du quotidien et fresques murales ont à leur tour subjugué Ule Ewelt. Plus particulièrement, c’est la magie de l’immense fresque des antilopes (XVIe -JC) qui a occasionnée chez elle, tout comme autrefois les peintures rupestres de la Grotte Chauvet, un besoin viscéral de restituer une part de cette émotion.
Et à nouveau, l’enjeu consiste à interpréter avec justesse une représentation ayant traversé les temps, à capturer la part sacrée de l’œuvre, à établir un trait d’union entre l’humain et l’animal, le présent et le passé.
La dimension sauvage de l’animal est majeure : la Grèce antique distinguait déjà linguistiquement le zoon(ζώων), l'animal domestique qui opère à proximité des humains, et la theria (θηρίον), l'animal sauvage.
L’intérêt ici est également de saisir cette condition : l’œil est nécessairement vigilant, reflet de la protection et de la dépendance mutuelle des animaux du troupeau. Jumelée à une force physique énorme, une agilité et une vitesse folle sur des terrains impraticables, une capacité de sobriété extrême vis-à-vis de l'eau et de la nourriture : tout cela, racine de leur identité et conditions de survie, devait impérieusement être restitué.
Aussi, si la première antilope regarde devant elle et paraît détendue, celle de derrière tourne la tête car elle vient d'entendre un bruit léger. C’est le moment de la décision : vont-elles fuir ou poursuivre leur recherche de nourriture ? L’instant crucial est capturé.
Le traitement conserve, classiquement dans l’expression de Ule Ewelt, un large hors champs au niveau des membres inférieurs, non représentés, offrant ainsi légèreté et part belle à l’imagination.
Au-delà, cette représentation fragmentaire, accompagnée de fissures et de béances, fait référence pour l’artiste à la relation complexe entre l'homme et l'animal, si souvent caractérisée par la cruauté et le danger.
Elle associe également l’idée du temps écoulé, des fouilles patientes, des œuvres antiques généralement découvertes par fragments.
Évocation enfin, des mystères qui entourent ces découvertes : pas traces d’antilopes à Santorin. S’il ne s’agit pas d’une extinction, alors quoi ? Ces animaux sauvages n’avaient donc pu être observés dans leur vie quotidienne directement à proximité des lieux de réalisation des fresques ? La représentation de l'antilope ressort ainsi comme une référence aux voyages et aux échanges commerciaux, une indication du cosmopolitisme du prospère peuple d’Akrotiri.
Passionnante histoire de la vie.
Cette année en sus, la Galerie Grès vous propose de découvrir la manière dont Ule Ewelt s’approprie les silhouettes de son bestiaire. Une fenêtre originale s’entrouvre ainsi sur l’atelier… ou les collines crétoises. Travail d’observation et production d’esquisses, pour la première fois de nombreux fusains de l’artiste vous seront dévoilés[1].
Cette année encore, je me réjouis de vous recevoir et de poursuivre les riches échanges autour de cette exposition personnelle.
[1] Cf ; article dans la Revue de la Céramique et du Verre n°259 par Adélaïde Robault ‘Témoin du passé’
Du 12 décembre 2024 au 24 janvier 2025 - fermeture du 24 au 31 déc.